Achille Magloire NGAH
Noces d’émeraude pour l’Etat du Cameroun : Bilan et perspectives de l’état de l’unité.
Comme chaque année, depuis 1972, les Camerounais ont eu le loisir de magnifier, le temps d’une journée, les bienfaits de l’unité retrouvée. Défilé militaire et civil, dîné d’Etat ; le canon de la liturgie du 20 mai est resté fidèle à la tradition républicaine camerounaise. De ce fait, l’on peut conclure à première vue que le ciel de l’unité est bleu. Ni l’effervescence épistolaire de Marafa Hamidou Yaya, avatar de « l’Opération épervier » qui agite la scène politique, ni la vive controverse autour du nouveau code électoral boudé par l’opposition, n’ont pu ternir le caractère sacré de cet heureux anniversaire qui peut bien en cacher d’autres.Parmi lesquels le 30e anniversaire de l’accession à la magistrature suprême de M. Biya, exemple type de ces dignes fils de l’Afrique qui n’ont rien à envier, en matière de longévité au pouvoir, à Elisabeth II d’Angleterre qui totalise cette année soixante ans de règne et dont le Royaume -Uni vient de fêter avec faste le jubilé de diamant. Pour ce talent au moins, nos dirigeants peuvent s’en vanter, au grand dam de Nicolas Sarkosy, qui aurait gagné à leur demander conseil, lui qui avait la prétention de débarquer tous ceux qui s’éternisaient au pouvoir en Afrique, alors même qu’il a été incapable de conserver le sien.
C’est aussi cela la démocratie vraie ; celle qui garantit au peuple le droit de décider du changement. Changement que François Hollande s’est engagé à apporter aux Français au bon milieu d’une crise économique austère. Cette alternance à la française va certainement inspirer plus d’un leader de l’opposition camerounaise, elle qui depuis l’avènement du multipartisme en 1992, peine à convaincre. Quoi qu’il en soit, la fête de l’unité de 2012 donne aussi aux Camerounais de méditer sur ce qu’on a appelé « les années de braise ». Vingt ans après, qu’avons-nous tiré comme leçon ? Le « power to the people » scandé à cette époque est-il déjà une réalité ?
Tout compte fait, il est remarquable de constater que le Cameroun vibre au rythme de la « démocratie apaisée » et ce peuple laborieux est toujours appelé à « retrousser les manches » pour construire « une nation forte, prospère et résolument tournée vers l’émergence dans un climat de paix et d’unité ». Mais reste à promouvoir en chaque Camerounais, le souci de l’intérêt général. Ce n’est qu’à ce pris que l’on pourra voir enfin « le bout du tunnel » tant recherché.
