Les Procès de Me Hell: Fiction

Les auditeurs et téléspectateurs sont de plus en plus exposés à des émissions de vulgarisation du Droit. La dernière moisson de cette mouvance, "les Procès de Me Hell"  à la Crtv, conçue et réalisée par Me KUEMO Michel, un avocat au barreau camerounais.

«C’est l’amour de la vulgarisation du droit,  parce que j’ai fait un constat : les Camerounais aiment le Droit, mais ne font aucun effort pour s’imprégner  des notions élémentaires de Droit ». Ce plaidoyer est celui de Me KUEMO Michel, cet avocat mathématicien, passionné du Droit pour lequel « Nul n’est censé ignorer la loi ».

Les Procès de Me HELL, une émission hebdomadaire diffusée à la Crtv est une fiction de droit. Le téléspectateur est transporté, à la faveur de  la magie cathodique, dans un décor de tribunal. L’ambiance  est celle d’une véritable audience avec  juges,  ministère public,  partie civile,  accusés,  avocats et l’assistance. Les rôles sont bien campés par de véritables acteurs au point d’abuser les téléspectateurs qui pensent que ce sont des juristes qui interprètent le scénario, même s’il est vrai que certains avocats  interprètent leur propre rôle, à l’instar de Me KUEMO Michel lui-même.

 

« La fiction de droit "les Procès de Me HELL" est interprétée par des véritables  acteurs ; Les téléspectateurs pensent que ce sont des juristes qui interprètent les scènes. Ceux-ci sont peu nombreux. Ce sont des comédiens, qui s’approprient, se familiarisent avec  le texte, puis l’interprètent».

L’équipe de tournage est composée de  deux (2)  metteurs en scène, un réalisateur, un scénariste en la personne du  producteur de la fiction Me  Michel KUEMO. Outre la casquette de scénariste, Michel KUEMO est également un acteur.

« Les procès de Me HELL, c’est typiquement du  droit.  Ce n’est pas le droit inventé,  c’est ce qui est écrit. Mes acteurs déclament fidèlement les articles du code. Bien entendu, ce qu’on fait,  c’est de la fiction », explique le scénariste.

Les procès de Me HELL sont tournés au Centre culturel HELL (CCH), sis au quartier Essos à Yaoundé. Avant la création du CCH), Me Michel KUEMO empruntait le décor d’un tribunal de la place pour monter ses émissions. Avec en prime, des tracasseries de tous ordres.

« J’ai donc préféré avoir mon centre pour monter mes émissions. Je produis ici et il peut y avoir des projections cinématographiques, avec en priorité les procès de Me HELL ; on peut aussi projeter des films venant de l’extérieur ».

Le CCH sert également de cadre pour la préparation des concours professionnels ayant une coloration juridique.  « Quand la Fonction publique  lance un concours d’entrée dans les grandes écoles (IRIC, ENAM, Ecole de Police, etc.),  pendant deux mois, nous préparons les candidats à l’épreuve du droit. Ce qui leur permet d’aborder l’épreuve de droit avec assurance ».  Les cours sont évidemment  dispensés par des enseignants d’université ou des grandes écoles. Pour certains aspects pratiques, le CCH sollicite le concours  des avocats.

L’émission qui  passe à la CRTV depuis 2009, peut faire l’objet d’une diffusion hebdomadaire pendant une année. Il y a donc 52 heures de produits, soit une diffusion d’une heure par semaine.

La convention établie entre le producteur et la chaîne de télévision de service public repose sur deux points importants : le producteur livre le PAD (Prêt à diffuser) sur lequel la chaîne se réserve l’exclusivité de la première diffusion. Ensuite, le produit peut être proposé à d’autres chaînes de télévision pour une seconde diffusion. Les Procès de Me HELL sont diffusés les lundis à partir de 22 heures et rediffusés les vendredis à 15 H30mn.

L’histoire de la fiction juridique n’a pas commencé à la télévision. En effet,  Me Michel KUEMO avait d’abord choisi, comme support de vulgarisation  du  droit, la presse écrite.

« J’ai créé La Tribune du Droit, un trimestriel qui a tenu six années durant.  Je parlais du Droit et de la Jurisprudence.  Le journal publiait les nouveaux textes de loi et les débats et analyses y relatifs».

L’avocat, toujours à la quête du meilleur moyen de communiquer les rudiments du droit à ses concitoyens, conçoit les Procès de Me HELL, sous forme radiophonique.  Cette émission interactive, à fort taux d’audience passait 15 minutes par jour sur Radio Environnement. « A la fin de chaque mois, j’étais physiquement à l’antenne. C’était un événement pour les auditeurs. Les auditeurs appelaient, posaient leurs questions auxquelles je répondais. ».    Mais l’émission  s’est arrêtée en 2008, au moment où elle connaît un succès fulgurant, faute de compensation pour le producteur.

« J’ai donc abandonné l’aspect audio des procès, pour embrasser l’aspect audiovisuel ».

L’idée qui sous-tend la création d’une fiction de vulgarisation du droit dans un environnement où la culture de la lecture n’existe pas, où les gens sont ignorants des règles qui régissent leur vie, est que cela  peut avoir un impact sur les téléspectateurs. Suivre une émission à la télévision est plus aisé que de lire un document, un journal, après une journée de travail.  « Les problèmes surviennent parce que personne ne veut appliquer les règles de droit,  faute de connaissance. Or, si on accepte de respecter quelques règles de droit qui régissent la vie des individus, les problèmes seraient réglés ». Une invite à regarder cette fiction instructive.

EMilienne N. Soué & Marius  Nguimbous

 

QUI EST ME KUEMO MIICHEL ?

L’auteur des Procès de Me HELL est, à n’en point douter, un avocat inscrit au barreau du Cameroun.  Mais en remontant le temps, c’est un professeur agrégé de mathématique, ayant dispensé son savoir dans plusieurs lycées du Cameroun, avant d’être promu inspecteur provincial de mathématiques pour le grand Nord (Adamaoua, Nord et Grand Nord).  Las d’être balloté de lieu d’affectation en lieu d’affectation, il envisage de  donner un nouveau sens à sa vie : soit une évolution qui lui donnerait une stabilité, « Comme j’étais agrégé de mathématiques, j’avais demandé qu’on me laisse à l’université de Yaoundé, en faculté de sciences, parce que j’avais besoin de stabilité.   Cela n’avait pas marché.  Alors, j’ai senti que je pouvais faire autre chose pour être plus indépendant », raconte celui qui, douze ans après avoir  rendu des loyaux services à l’enseignement, abandonne la craie pour revêtir la toge d’avocat.

Il va entreprendre des études de Droit, qui se dispensaient aussi par correspondance à l’université de Yaoundé. Après une maîtrise de Droit, il effectue son stage dans le cabinet de Me Marie-Thérèse NDONGO ; stage à l’issue duquel il est admis au barreau camerounais.

« J’ai donc choisi le barreau pour l’indépendance du barreau, pour  la stabilité. M’installer dans une ville où je devais être stable, on ne devait plus parler d’affectation pour moi ».

C’est « L’amour de l’application de la règle » qui l’a amené vers le Droit. « En mathématiques, c’est la règle, et en droit, c’est toujours la règle qu’il faut appliquer devant une situation de fait, c’est pourquoi ses études de droit ne m’ennuyaient pas, je comprenais facilement et j’appliquai facilement les règles des droits, parce que j’étais habitué à aller dans la forêt  des théorèmes ramasser celui  qu’il faut pour résoudre mon problème. Avec le droit je vais dans la forêt des règles ramasser les règles qu’on m’a enseignées,  qu’il faut pour résoudre mon problème ».

explique l’homme à l’esprit cartésien qui ne s’est pas seulement contenté de défendre les justiciables.   En témoignent ses productions audiovisuelles et ses activités du Centre Culturel HELL.

La méthode Me KUEMO Michel pourrait inspirer nombres d’employés blasés ou désabusés qui pourraient avoir envie de prendre le large vers d’autres rivages « Chaque personne doit s’asseoir et définir sa vie. Aux fonctionnaires, je dirai simplement ceci, au lieu de faire le semblant, à un moment, mieux vaut changer de métier », conseille-t-il.

Qu’est-ce qui fait donc courir Me Michel Kuemo ? Ce n’est pas la pile Wonder, comme dans cette réclame figurant l’homme d’Affaires Bernard Tapi. C’est le « travail, le travail, encore le travail ». Un  slogan que les jeunes devraient faire  leur, pour ne pas emprunter les chemins de la facilité. « Le jeune doit se poser la question suivante : qui suis-je ? Que suis-je ? Sachant qu’il peut tromper ses parents, les autres, avoir des diplômes, mais il ne trompera pas la vie. La vie sera là pour lui poser des questions  auxquelles il devra apporter des réponses ».

C’est d’ailleurs pour rendre hommage au génie d’un de ses élèves en classe de terminale  au Lycée d’Edéa qu’il a baptisé son centre culturel, "HELL". Cet ancien étudiant qui a continué à exceller, que ce soit à l’Ecole supérieure Polytechniques ou dans sa carrière est décédé. Ce jeune l’aura marqué.

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