Par Dr Guillaume Joseph FOUDA, Chargé de cours Faculté des Sciences Juridiques et Politiques Université de Yaoundé II-SOA
De tous les crimes internationaux[1], le crime contre la paix ou crime d’agression[2] est celui qui fait l’objet d’une qualification peu aisée et d’incrimination particulièrement rare alors même qu’il peut être objectivement regardé comme l’épicentre de la réalisation de crimes tout aussi graves (crimes de génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre). En effet, comment comprendre que la justice pénale internationale puisse connaître, dans une acception large, des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre, des crimes de génocide, sans pour autant s’intéresser à ce qui en est la cause première ou, tout au moins, ce qui en facilite la réalisation à savoir, les situations de conflits armés ou de rupture de la paix?[3] Faut-il encore rappeler que le continent africain est le théâtre, depuis la décennie ayant suivi les indépendances, d’une variété et d’une densification de conflits particulièrement meurtriers et dévastateurs[4] revêtant l’appellation générique de «guerre civile»?[5]C’est aussi la densification de ces conflits qui va conduire à leur prise en compte par le Droit international humanitaire qui en donne une définition généralement admise. Il s’agit très exactement de tous «les conflits qui se déroulent sur le territoire d’une Haute Partie contractante entre ses forces armées et les forces armées dissidentes ou des groupes armés organisés qui, sous le contrôle d’un commandement responsable, exercent sur une partie de son territoire un contrôle tel qu’il leur permette de mener des opérations militaires continues et concertées»[6]. Sont exclues, les situations de tensions internes, de troubles internes comme les émeutes, les actes sporadiques et isolés de violence. Si tous ces conflits n’ont pas fait l’objet d’intérêt pour la justice pénale internationale, certains ont connu et connaissent encore une issue judiciaire du fait notamment de l’ampleur des atteintes portée aux droits de l’homme et par extension, à la paix et à la sécurité internationales[7]. De ce fait même, les conflits en Afrique participent du développement institutionnel et procédural de la justice pénale internationale dans le sens d’une répression des auteurs des atrocités consécutives auxdits conflits. Il en est particulièrement du rôle de la Cour pénale internationale qui nous renseigne suffisamment par le nombre des affaires connues ou à connaître et qui sont le fait des conflits en Afrique[8] et d’autant plus que, les Etats présents à la Conférence de révision du Statut de ladite Cour, tenue à Kampala, ont marqué leur volonté de renforcer l’efficacité de la Cour en adoptant, par exemple, une définition du crime d’agression dont les conditions d’entrée en vigueur prévoient que les Etats parties prennent une décision pour que la Cour puisse exercer sa compétence sur ledit crime à l’échéance du 01er janvier 2017.