GARGA HAMAN ADJI «Je prône l’économie humaniste»

Au cours d’une conférence de presse dont  le thème était en rapport avec les prochaines échéances électorales de 2011, le Président Général de l’Alliance pour la Démocratie et le Développement (ADD), M. GARGA HAMAN ADJI a éclairé l’opinion sur son programme politique sur fond de contentieux l’opposant à l’Etat à propos des nominations de certains membres d’ELECAM.

En vue des prochaines échéances de 2011, quelles sont les actions que mène l’ADD, au niveau des militants de la base, et sur le terrain pour être en phase avec eux. Vous critiquez le RDPC qui se déploie un peu partout à travers le pays. Au plan national, est-ce que vous pouvez rassurer les Camerounais que votre parti est bel et bien implanté dans tout le pays et que le moment venu, il peut faire face au RDPC ?

 

Permettez-moi de vous répéter une phrase que j’ai prononcée il y a plus de dix ans. « Il y a des grands partis à petit leader et des petits partis à grand leader ». Ne soyez pas éblouis par les déploiements du parti que vous venez d’évoquer. Ce parti ne fait rien par lui-même. Ce sont  les thuriféraires  qui s’agitent. Ils sont obligés de montrer au parti au pouvoir qu’ils sont avec eux. Et pour cela, on  va égorger des bœufs, habiller la plèbe et ensuite amener les photos au Comité Central pour dire : «  Voilà ce que moi j’ai fait dans mon village,  et tout le monde est derrière  le chef de l’Etat ». Ce genre de déploiement ne signifie rien. Ce genre de déploiement est également utilisé pour justifier les fraudes.  Quand il y a des fraudes ; qu’est-ce qu’on dit ? « Les partis d’opposition, on  ne les a pas vus sur le terrain ; nous, nous étions sur le terrain. C’est donc normal que nous nous gagnions ».  Qu’est-ce que l’ADD est en train de faire ? Pour le moment l’ADD donne une conférence de presse, et vous, vous allez éclairer l’opinion camerounaise.

 

Quel est votre projet de société, qu’est-ce que vous proposez aux Camerounais comme alternative qui pourrait faire basculer ce pays dans l’alternance?

Mon projet de société est condensé dans mon ouvrage  Ainsi Pourrait  Devenir   Notre  Pays : une vision humanitaire de notre pays. Demandez aux hommes politiques ou à ceux qui se prétendent comme tels, de vous brandir leurs projets de sociétés. Pour le moment il n y en a que deux : celui qui est au pouvoir (le Libéralisme  Communautaire) et ce projet. On ne trouve que deux projets de société écrits.

Je prône l’économie humaniste pour ce qui est de l’économie.  Un être humain conscient, ne doit pas prétendre inventer le monde. On part toujours du passé et du présent pour proposer des  améliorations ou des innovations. Vers les années 1950 en France,  notamment avec le général de Gaulle, on a parlé d’un certain nombre de principes,  telle que la décentralisation qui   lui a coûté cher. Mais il y a quelque chose de très important,  l’intéressement du travailleur dans la gestion du fruit de l’entreprise.  J’ai été inspiré par ses idées, mais je les ai ramenées sur terre,  et un peu au Cameroun. Je propose au niveau du capital d’une entreprise, que le travail soit également valorisé. Maintenant on trouvera quel paramètre permettra de convertir le travail en apport en capital. Donc, le travailleur devra être en même temps salarié de l’entreprise et indirectement patron de   l’entreprise.  Je sais qu’en France, les syndicats n’ont pas aimé cela. Parce que quand l’ouvrier est patron de l’entreprise, quand l’ouvrier est intéressé par l’entreprise, le syndicat risque de ne pas avoir sa place ou de la voir réduite. Donc, ce traité est là dedans. Je pense qu’à la prochaine conférence de presse, vous me direz quelle question cela soulève.

Les partis d’opposition semblent durablement exclus du pouvoir national. N’est-il pas temps que ces partis commencent  à penser à des stratégies d’alliance, qui les rendront plus forts pour une possible alternance ?

On  a toujours parlé du candidat unique qui est une nécessité.  J’ai toujours souhaité qu’il y ait des candidatures stratégiques. Je vais vous donner un exemple. En 1997, le feu   ministre Ayissi Mvodo Victor qui est de la région  du Centre, c’est-à-dire  un Beti à 100%, avait dit qu’il se portait candidat à l’élection présidentielle de 1997.  Si une telle candidature avait vu le jour, ce qu’on croit être le socle ou le ciel électoral du RDPC se serait écroulé. Si on pouvait créer des candidatures de ce genre avec des personnalités de notoriété publique dans l’opposition,  cela apporterait à coût sûr l’alternance. Il s’agit de trouver  une forte personnalité populaire à travers le pays, qui soit acceptée aussi bien à Kousseri qu’à Yokadouma.  Si vous trouvez une telle personnalité, la candidature s’imposerait d’elle-même.

A défaut des candidatures stratégiques, on peut penser à une candidature unique. Nous connaissons notre pays. On a vu des partis qui n’ont existé que pour l’intérêt d’un individu. Certains partis de l’opposition, à partir, d’un moment, ils applaudissent de deux mains et même de  deux pieds le pouvoir de M. Biya qu’ils critiquaient. Voyez tous ceux qui, en 1992 criaient ; ils sont où ? Au gouvernement. Moi, j’étais au gouvernement, j’avais senti que ce n’était pas cela  la démocratie et l’intégrité morale. J’avais fini par abandonner. Je me maintiens dans mes convictions. Donc, faites attention avec les candidatures uniques.

Qu’en est-il du recours gracieux  auprès de la cour suprême ?

L’ADD a choisi la voie juridique et juridictionnelle  en portant sa demande d’annulation du décret n° 2008/463 du 30 décembre 2008 portant nomination des membres d’ELECAM à la chambre administrative de la Cour suprême. Le recours gracieux n’ayant pas eu de réponse, conformément à la loi, nous  l’avons transformé en recours contentieux. Malheureusement pour le Cameroun, la partie adverse n’a pas répondu. La partie adverse n’avait que 30 jours entre la date à laquelle le président de la chambre administrative leur transmet notre recours et notre réponse. Le 5 octobre 2009, j’ai été reçu par le président de la chambre administrative qui m’a informé que l’Etat n’avait pas répondu jusqu’à cette date. Ce qui signifie que l’Etat est désormais forclos. Et si l’Etat de Droit prévaut au Cameroun, les quatre personnes  membres qui sont au comité central du RDPC et membres du bureau politique doivent être remplacées par quatre autres. Ceux-là n’ont pas le droit de siéger au bureau d’ELECAM, parce qu’elles ne sont pas neutres, et par conséquent, ne remplissent pas les conditions d’éligibilité d’ELECAM.

Propos recueillis par Emilienne N. Soué

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