Le Professeur Tientcheu Njiako, avocat, expert judiciaire, président de la commission de passation des marchés au ministère de l’Education de base, ancien doyen de la faculté des sciences juridiques et politiques de l’université de Ngaoundéré et dédicataire des Mélanges intitulés « Droit et politique de l’Immobilier en Afrique : L’exemple du Cameroun », se livre à des commentaires exclusifs.
CULTURE
Au moment où la réforme du droit foncier est sur la table du législateur camerounais, 25 universitaires camerounais ont décidé de décortiquer bien d’aspects de ce domaine du droit, le tout sur fond d’hommage rendu à un expert du droit immobilier et foncier, le Professeur Tientcheu Njiako …
Il a fallu qu’ils s’y mettent au moins à 25 juristes et universitaires, pour rendre un hommage estimable au professeur Tientcheu Njiako au travers d’un ouvrage collectif. Le livre s’intitule « Droit et Politique de l’immobilier en Afrique : exemple du Cameroun »; il fait 660 pages et est sorti il y a peu des massicots des éditions - Presses universitaires d'Afrique (PUA), situées au quartier Bastos à Yaoundé. Il s’agit donc de fait, de l’aboutissement d’une studieuse initiative lancée par le département de Théorie du droit et Épistémologie de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’université de Ngaoundéré (FSJPN/UN). Et pour cause ! Le dédicataire de ce livre présenté sous forme de mélanges (un ouvrage composé d’articles divers, offert en hommage à un professeur par ses collègues et disciples) est le premier chef dudit département. Rien de surprenant lorsqu’on sait que le Pr Tientcheu Njiako – puisqu’il s’agit de lui - a consacré au droit foncier, l’essentiel de ses recherches et publications. L’universitaire a justement produit 3 livres de fond sur le domaine du droit foncier.
Dans son livre intitulé « Le système camerounais des relations professionnelles », l’universitaire Zakari Anazetpouo analyse de façon détaillée la politique camerounaise de l’emploi salarié. Il met notamment en exergue les grands principes de la politique de l’emploi depuis la réforme du 14 août 1992 au moment où l’Ohada veut engloutir le cadre règlementaire.
Le nombre de pages de la version papier, 391 pages, témoigne du caractère fouillé de son dernier livre. Si la date de publication est 2010, ce livre publié aux éditions Presses universitaires d'Afrique épouse une tournure dont l’auteur seul a le secret. « Si l’innovation majeure [ de la réforme du 14 août 1992] porte sur la flexibilité dans l’identification juridique tant de moyens de mise au travail que des droits et devoirs des partenaires sociaux, on retient aussi que le souci de promotion des entreprises compétitives aura poussé le législateur social de 1992 à accroître la mission des acteurs hors contrat du travail dans la recherche du bien-être collectif », résume l’éditeur en quatrième du livre couvert de vert et de blanc. C’est de fait, un ouvrage qui tâche de relever quelques manquements à l’option du législateur et les difficultés d’application dans un contexte marqué par le désengagement de l'État et la tendance à la contractualisation des relations professionnelles.
La dédicace du livre intitulé : « L’Union Européenne et les Pays ACP » et sous-titré « La fin de l’illusion ? L’accord de Cotonou : bilan et perspectives à l’horizon 2020 », a eu lieu, le 10 mai 2015 à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun.
C’est le Professeur Laurent Zang, spécialiste des relations internationales et chef du Département de diplomatie à l’Iric et le Professeur Jean Koufan Mekene, enseignant d’Histoire à l’Université de Yaoundé I qui ont été choisis pour assurer successivement les deux notes de lecture. « L’Union Européenne et les Pays ACP : La fin de l’illusion ? L’accord de Cotonou : bilan et perspectives à l’horizon 2020 ». Ces 117 pages sous une couverture rouge vif publiés chez l’Harmattan. Mais à y regarder plus près, le dernier livre du Dr Raymond Ebalé est une analyse creusée et experte d’une situation de relations internationales économiques qui concerne le lecteur africain et européenne en même temps qu’elle se trouve dans le creux de l’actualité. Le contexte du livre se fait plutôt pressent. En 2020, c'est-à-dire dans un peu moins de 5 ans, le texte conventionnel connu sous le nom de « Accord de Cotonou » appelé à régir les relations économiques entre les pays africains et caribéens d’une part et les pays membres de l’Union européenne d’autre part, va arriver à son terme.
« J’ai écrit ce livre car l’UE sait déjà ce qu’elle va faire après 2020 alors que les Africains ne se concertent pas et ne savent pas ce qu’ils feront » a précisé le Dr Ebalé. Du reste, le texte adopté depuis 2000 n’est pas sans susciter des questionnements, du moins pour ceux qui s’en soucient. Le livre fait apprendre que : « si du côté européen les pendules semblent déjà mise à l’heure, du côté de l’ACP par contre la sérénité n’est pas de mise tant le groupe demeure toujours dans l’expectative et le tâtonnement ». En expert des questions ACP/UE, l’universitaire Ebalé qui n’est du reste pas à son coup d’essai, entreprend de poser une analyse « en profondeur sur le futur de la coopération avec l’Europe, à un moment où l’évolution du monde ne cesse de fragiliser les acquis antérieurs » peut-on lire de la main de l’éditeur.
En 5 chapitres, l’historien et l’observateur qui se dédouble sous la plume du Dr Ebalé, revient comme on s’y attend sur l’historique de l’accord de Cotonou. Il ressort d’emblée « les 40 ans de relations privilégiées face à la libéralisation des échanges». De l’association des pays et territoire d’outre-mer de 1953 à 1964, en passant par les accords de Yaoundé I et II, jusqu’aux accords de Lomé I, II, III, IV et pour finir Cotonou, le livre se veut un outil de référence suivi d’une analyse de ces rapports pour le moins marginaux avec la survenance de l’Organisation Mondiale du Commerce.
COMMENT L’OMC A PROVOQUÉ LE CHAMBOULEMENT JURIDIQUE
L’auteur explique que, lorsque l’OMC est mise sur pied en 1995, cela a forcément engendré un chamboulement et même une remise en cause de l’ordre juridique qui prévalait. Et pour cause, la mondialisation qui préside à la création de cette institution ne pouvait digérer des pactes préférentiels à l’instar de celui qui s’était tissé entre les Européens et les pays africains. « L’OMC jugea la politique communautaire de non réciprocité non conforme avec le GATT et l’article 1er de ce texte qui stipule la clause de la nation la plus favorisée » peut-on lire. Il s’en suivra que l’UE va demander à l’OMC une faveur quant à cette pratique déséquilibrée de la coopération avec l’Afrique. Cela lui sera accordé pour une durée très limitée de 20 ans et la formalisation de cette trêve sera consignée dans les accords de Cotonou de 2000 inscrit au centre du livre.
Du reste, l’ambition du livre est présentée par l’auteur comme une tentative visant à : « baliser le chemin de l’avenir des relations UE/ACP dans la perspective arrêté à Cotonou [au Benin] en 2020. Ce livre se veut également un outil au service des décideurs de l’espace ACP en général et d’Afrique en particulier pour les amener à se réveiller de leur grand sommeil ».
Le Pr Laurent Zang dans sa présentation du livre a précisé que : « l’auteur a mis là, un ouvrage important qui balaie plus 60 ans de relations entre l’Europe et les pays africains. Ce n’est pas facile de trouver un ouvrage qui recense cette histoire ». Le Pr poursuit en postulant que le livre est à la fois un livre bilan et en même temps tourné vers l’avenir pour montrer les voies et les perspectives pour demain.
Le premier présentateur va saluer le regard rétrospectif de l’historien. Celui-là, dira-t-il, qui analyse ces accords « avec un peu de nostalgie » car, l’auteur semble remémorer les années fastes qui ont précédé l’OMC. Au premier abord, le Dr. Ebalé va rester très réservé sur cet accord et ses principes qui font prévaloir la dimension économique sur le reste.
Le Cameroun comme tous les autres pays qui ont signé des accords intermédiaires en sortant des rangs communautaires, a démontré combien l’intégration n’est qu’un accessoire au-devant des intérêts économiques.
Le Pr Jean Koufan Mekene a lui salué la facilité choisie pour l’écriture, excluant alors l’ouvrage de la catégorie des livres ésotériques. Mais, sa lecture est plus insidieuse : les ACP sont comparés par lui à la cigale et la fourmi étant l’Europe, allusion étant faite à la fable de la Fontaine. C’est en altermondialiste que le Pr Jean Koufan Mekene a en effet lu le livre du Dr. Ebalé. Il regrette en effet, que les APE ne soient restés qu’ « une charité chrétienne qui enrichie le donateur et appauvrit celui qui reçoit ».
Très porté sur les allégories, ce dernier va poursuivre en postulant que le livre et surtout le thème sur lequel il porte, se rapproche aussi de l’abus entre un vieillard riche, s’agissant de l’UE et une jeune naïve pauvre s’agissant de l’Afrique.
SOLUTIONS POUR SOIGNER LES APE
Doit-on maintenir le Statu quo post-Cotonou ? L’auteur répond que non. Il envisage aussi la possible dissolution du partenariat UE/ACP. L’avenir du groupe ACP est incertain, va-t-il ajouter. Ce groupe doit éclater et laisser respirer les zones géographiques régionales.
Pour l’auteur, les pistes devant aider à mieux affronter l’avenir sont plurielles. Il faut faire l’inventaire des visions de l’ACP, à la fois au niveau officiel et officieux. Il faut procéder à une analyse des intérêts post- Lisbonne et enfin il faut stimuler le dialogue entre les acteurs.
Conclusion : « Le partenariat APE, ACP-UE est à un point critique de son existence. Il est par conséquent grand temps de mener un débat franc et basé sur les faits, les motivations, les scénarios pour l’avenir : (…) ». L’une des choses à changer est le siège du groupe ACP qui se trouve à Bruxelles et fonctionne avec des frais européens. Toute chose qui n’est plus acceptable à tout le moins symboliquement.
Le Dr. Raymond Ebalé qui dispense des cours d’histoire économique au Département d’Histoire de l’université de Yaoundé I au Cameroun, a opté d’axer son champ de recherche sur les questions de développement et de coopération Nord-Sud. Il n’est donc plus surprenant de le lire sur le sujet des rapports UE/ACP et moins encore Cameroun/ UE. En réalité, l’auteur n’est pas qu’un théoricien car il préside l’association pour la sensibilisation sur les accords ACP-UE dont le sigle est l’ASAC.
Willy Zogo
« L’Union Européenne et les Pays ACP »
Sous-titré « La fin de l’illusion ? L’accord de Cotonou : Bilan et perspectives à l’horizon 2020 »
120 pages
L’Harmattan
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