La Blockchain : l’innovation au service de la confiance

Spécialiste en Cryptologie, le Dr. Bell B.G., PHD en Sciences techniques en sécurité de l’informatique et des systèmes de l’information, éclaire sur l’innovation blockchain articulée autour de la question : Blockchain comme solution à plusieurs problèmes actuels au Cameroun.

QU’EST QUE LA BLOCKCHAIN ?

Le Dr. Bell B.G. définit la Blockchain comme un Système technique permettant de réaliser une transaction entre deux ou plusieurs parties via un registre informatique d’informations, ouvert à toutes les parties prenantes et infalsifiable.

CRYPTOGRAPHIE, PIERRE ANGULAIRE DE LA BLOCKCHAIN

La cryptographie étant un ensemble de procédés visant à crypter des informations pour en assurer la confidentialité entre l’émetteur et le destinataire. C’est elle qui confère au réseau Blockchain sa forte sécurité, rendant ainsi cette dernière accessible, traçable, vérifiable, intègre,  authentique et  non-répudiable; le système repose donc sur la transparence. Il apparait clairement que pour construire une blockchain, il faut impérativement implémenter les fonctions de confiance cryptographique. La première propriété de la Blockchain est de produire la confiance nécessaire pour que des agents (utilisateurs) échangent sans le contrôle d’un tiers de confiance.

DE LA CRISE DE CONFIANCE A LA CONFIANCE

La réflexion du Dr. Bell part d’un constat : « Dans l’étude des problèmes, il  y a une constante à tous les problèmes: cette constante est la crise de confiance. C’est-à-dire tout problème d’où qu’il vienne, de quelque nature que ce soit et quelles  que soient ses conséquences entraine une crise de confiance. ». « La confiance existe sous forme de chaine, qui va de la boucle de confiance (confiance en soi) à la relation de confiance (confiance aux autres). C’est donc une relation entre deux ou plusieurs entités qui parfois dans une construction prend la forme de fonction, dite de confiance. » Pour l’universitaire la confiance se construit généralement sous deux formes : la chaine de confiance verticale et la chaine de confiance horizontale. a)- La chaine de confiance verticale Le chercheur  révèle qu’elle est « basée sur une autorité de confiance racine et unique qui étend la confiance vers d’autres nœuds de confiance sur un modèle de chaine privée. Dans ce modèle, on ne peut vérifier que le nœud le plus proche. S’il  y a  rupture dans un nœud de confiance antérieur, la chaine peut être compromise sans que les entités n’en soient informées. Et si un nœud se compromet, presque toute la chaine de confiance sera corrompue» Pour faire confiance à une entité dans la société, on est obligé de consulter l’autorité de confiance. Et si cette dernière est compromise cela devient une situation de corruption et de faux généralisé. Dans cette situation les valeurs échangées perdent complètement leur contenu. A titre d’illustration, l’Etat qui repend la confiance dans les documents comme  les pièces d’identité; la monnaie, les diplômes etc…. Ce modèle est coûteux et risqué pour l’utilisateur. Il ne peut pas s’appliquer dans les conditions d’échanges intensifs comme l’échange d’informations. Le modèle est également lacunaire et il est impossible de vérifier toute la chaine de confiance, d’où le risque d’accepter le faux. b)- La chaine de confiance  horizontale : modèle à la base de la Blockchain Pour ce modèle, nous découvrons qu’il n’existe pas d’autorité de confiance unique. Tout le monde vérifie tout le monde et concourt à la crédibilité de tout le monde par des actions d’opinion. La confiance est distribuée de manière presqu’équitable auprès de toutes les entités de la société. Pas de centre de certification unique et donc pas de risque de saturation du système de certification lors des grands échanges. Pas de diktat d’une autorité unique de confiance. Le consensus remplace la validation centralisée. Il y a moins de risque de corruption lors des échanges et chacun donne son appréciation sur les valeurs échangées et certifie ses actions dans un nœud d’échange public. Tous les nœuds de confiance peuvent être vérifiés par chacune des entités, ce qui limite l’acceptation du faux. Ce modèle est à la base de la Blockchain.

PROBLEMES QUI PEUVENT ETRE RESOLUS PAR LA BLOCKCHAIN

Le Dr. Bell explore les domaines dans lesquels la blockchain peut intervenir afin de restaurer la confiance. Tout en rappelant que  le faux procède de la rupture de la chaine de confiance verticale : « à un moment donné, l’on ne peut plus vérifier et l’on est obligé de faire confiance».

  • Solution blockchain à la contrefaçon : La Blockchain « L’utilisation d’un tag unique pour chaque produit dont les données sont stockées dans la Blockchain permet de vérifier les informations concernant ce produit : provenance, lieu de stockage, authenticité, certificat de propriété et historique. La blockchain peut donc reconnaître les produits contrefaits, les produits détournés de leur utilisation première, la marchandise volée et les transactions frauduleuses qui touchent notamment les secteurs du luxe, de la pharmacie, l’électronique ou la joaillerie, les documents officiels, les billets de banque etc... »
  • Blockchain contre fake news : « Si tout le système de publication de l’information sur Intenet est fait sous le modèle de blockchain, chaque information publiée sera signée numériquement par son auteur (responsabilité et traçabilité), chaque auteur sera identifié dans une chaine de certification numérique publique (chaine de blocs), chaque action sur une information (sa création, sa publication, les commentaires sur elle, son appréciation et autre) sera signée avec marque de l’identité de l’auteur, et tout ceci sera public et accessible à tous les utilisateurs. Il se dégagera donc de manière automatique le pourcentage de véracité de l’information qui trahira alors à chaque fois le faux dans la chaine de publication des informations
  • Tokenisation comme extension desolution de stabilisation de la valeur marchande : « Dans le but d’authentifier un élément physique unique, les éléments sont associés à un jeton numérique correspondant. Cela signifie que les jetons sont utilisés pour lier les mondes physique et numérique. Ces jetons numériques (appelés « tokens ») sont utiles pour la gestion de la chaîne d’approvisionnement, la propriété intellectuelle et la détection de la contrefaçon et de la fraude »
  • Problème de l’identité numérique : « le modèle actuel de gestion de l’identité numérique oblige les utilisateurs à se servir du même mot de passe pour de nombreux comptes différents, ou bien ils utilisent des fournisseurs d’identité centralisés comme Facebook ou Google qui leur permettent certes de diminuer la charge de login et mot de passe, mais ils deviennent des cibles d’autant plus intéressantes pour les hackers»
  • Solution blockchain à l’identité numérique: le fonctionnement de la blockchain va à l’inverse de la centralisation des mots de passe; les utilisateurs sont entièrement responsables de la sécurité de leur compte par la préservation et la protection de leur clé privée. Ainsi, il sera beaucoup moins intéressant économiquement pour un hacker de pirater cette clé privée que de s’en prendre à un serveur contenant des millions de mots de passe. En plus toutes les identités étant publiques et laissant leurs traces sur les actes numériques, la blockchain résoud le problème de l’attaque de l’homme du milieu et celui de l’anonymat, et par conséquence celui de la responsabilité sur les actes numériques posés
  • Transport et mobilité : En synchronisant en temps réel les places non utilisées dans une voiture et les besoins de transports des utilisateurs, une plateforme décentralisée pourrait appartenir à la communauté des utilisateurs en proposant une rémunération « juste » pour les développeurs, les utilisateurs et les contributeurs de la communauté. Avec l’avènement des voitures autonomes, l’impact de la blockchain pourrait être énorme dans le quotidien de millions de gens.
  • Stockage des données (cloud distribué) : « La blockchain peut être appliquée en tant que solution de stockage cloud décentralisée. Outre la sécurité, c’est le prix du stockage des données qui est intéressant ici. Grâce à la blockchain, vous pouvez vendre la bande passante ou la mémoire inutilisée de votre ordinateur à d’autres utilisateurs qui en ont besoin pour stocker leurs données ou exécuter des programmes».
  • Santé publique : « Plusieurs cas d’usage sont envisageables dans le secteur de la santé. La blockchain pourrait notamment servir à la traçabilité des médicaments, à la sécurisation des données de santé, et à la gestion des données des patients».
  • Energie : « La multiplication des autoproducteurs (les foyers dotés de panneaux photovoltaïques par exemple) pose d’important problèmes aux réseaux de distributions traditionnels, conçus historiquement de façon univoque. La solution prônée pour y répondre est celle de la multiplication des réseaux locaux intelligents, les smart-grids. Des smart contracts pourront ensuite régir les règles d’utilisation de l’énergie produite par ces smart-grids, et naturellement les tarifs des producteurs ».
  • Contrats intelligents : « Les smart contracts sont dits « intelligents » car lorsque les conditions d’exécution de ces engagements sont réunies, ceux-ci s’exécutent automatiquement sur la blockchain, en prenant en compte l’ensemble des conditions et des limitations qui avaient été programmées dans le contrat à l’origine. Imaginez que vous êtes agriculteur, et signez un « smart contract » avec un assureur, stipulant qu’un versement est effectué après 30 jours sans précipitations. Après un mois de sécheresse, l’entité qui gère ce smart contract déclenche automatiquement le paiement grâce à des données externes sans que vous ayez besoin de déclarer ou de revendiquer quoi que ce soit.»                                                                                                                                          
  • La gouvernance publique : « La blockchain peut agir comme une méthode fiable et transparente rendant possible le vote en ligne. Cette solution pourrait être particulièrement intéressante pour des pays pendant les élections et résoudre des problèmes de fraude et de comptage difficile de voix. Dans de nombreux pays en développement, certaines terres ne sont pas enregistrées dans une base de données officielle, le cadastre. Certains habitants n’ont même pas de véritables adresses. En répertoriant l’intégralité de son territoire sur une blockchain, on sait exactement à qui appartient les terres, et on ne peut plus remettre en cause le cadastre. Egalement, l’influence directe de la décentralisation des opérations dans les services financiers aura un impact sur le secteur public. Les applications possibles de la Blockchain pour les gouvernements sont donc nombreuses et complexes».

EN CONCLUSION

La blockchain est la solution idéale pour sécuriser et garantir la confiance pour :

  • La Sécurisation des diplômes et autres documents
  • La sécurisation foncière
  • La collecte de la TVA et Impôts
  • Le recouvrement de crédits
  • L’optimisation de la production et de la consommation de l’énergie
  • Les compensations financières
  • La monnaie
  • Les marchés de valeurs et les bourses

Marius Nguimbous

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